La musique parfois me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un pur éther,
Je mets à la voile ;La poitrine en avant et gonflant mes poumons
De toile pesante,
Je monte et je descends sur le dos des grands monts
D’eau retentissante ;Je sens vibrer en moi toutes les passions
D’un vaisseau qui souffre
Le bon vent, la tempête et ses convulsionsSur le sombre gouffre
Me bercent, et parfois le calme, — grand miroir
De mon désespoir !
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1857), Poulet-Malassis et de Broise, 1857 (p. 174-175).