La découverte du cheval du vent consiste, avant tout, à reconnaître la force de la bonté fondamentale qui existe en nous-mêmes et ensuite à projeter cet état d’esprit vers les autres, sans crainte. Faire l’expérience de cette énergie d’élévation dans le monde rend joyeux, mais apporte aussi de la tristesse. C’est comme tomber amoureux. Lorsqu’on aime d’amour, la présence de l’être aimé est à la fois délicieuse et douloureuse. On éprouve de la joie et de la peine en même temps. Mais ce n’est pas un problème ; en fait, c’est merveilleux. C’est l’émotion humaine idéale. Le guerrier qui fait l’expérience du cheval du vent ressent la joie et la douleur de l’amour dans tout ce qu’il fait. Il a simultanément chaud et froid, il a une sensation aigre et douce à la fois. Que les choses aillent bien ou mal, qu’il obtienne une réussite ou qu’il essuie un échec, il se sent à la fois triste et heureux. […] Il s’agit d’une pratique magique permettant de transcender le doute et l’hésitation et d’invoquer un état d’esprit intensément éveillé. Une fois qu’on a fait surgir le lungta, la présence authentique se produit.
Chögyam Trungpa, Shambhala. La voie sacrée du guerrier
La notion ancienne du Cheval du souffle (loungta), répandue dans le monde tibétain, est matérialisée par les drapeaux de prières claquant au vent, censés harmoniser les quatre éléments en l’homme et dans l’environnement pour favoriser chance et prospérité.
Philippe Cornu et al., Le bouddhisme tibétain, Le Monde des Religions, n° 30, 1er juillet 2008