Su Tung po resta assis une nuit entière près d’un cours d’eau sur les pentes du mont Lu.
Le lendemain matin, il montra ce poème à son maître :Le torrent bruyant sa large et longue langue
Les couleurs de la montagne son clair et pur corps
en une nuit quatre-vingt mille versets
plus tard comment évoquer cela à autrui ?Le vieux maître Chang Tsung l’approuva.
Deux siècles plus tard, Dôgen dit :
« Les sons de la vallée, la forme des montagnes
Les sons ne cessent jamais, la forme toujours reste.
Doit-on parler de l’éveil de Su,
ou de celui des montagnes et des eaux ?
Des milliards d’êtres voient l’astre du matin
et tous deviennent Bouddhas!
Mais, si vous n’êtes pas capable de montrer
ces vallées et ces montagnes
pour ce qu’elles sont,qui pourra,
vous amener à percevoir que vous êtes ces vallées et ces montagnes ? »Gary Snyder, Montagnes et Rivières sans fin, Éditions du Rocher, 2002