Le gypaète est surnommé le « casseur d’os », car il a l’habitude de laisser tomber les os les plus gros (de préférence les os « longs », riches en moelle) d’une hauteur de 50 à 100 mètres sur les flancs de falaise ou sur les pierriers (champ de pierres), il en mange alors les débris et les ligaments.
Selon une légende rapportée par la Souda, le dramaturge grec Eschyle serait mort assommé par une tortue lâchée par un rapace en vol sur sa tête chauve, qu’il aurait prise pour une pierre. Le texte mentionne un aigle mais ce comportement, même si l’événement n’est que fictif, correspond plus au gypaète barbu.
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Le Gypaète barbu comprend deux sous espèces bien identifiées et réparties dans des régions elles aussi bien différenciées. La sous-espèce concernée par ce plan, Gypaetus barbatus barbatus, est présente dans les régions montagneuses du centre et du sud de l’Europe, de l’Afrique du nord, du Moyen-Orient et de l’Asie mineure à la Chine. En Europe de l’Ouest, son aire de distribution s’est morcelée et en 2009, la sous espèce n’est plus présente que dans les Pyrénées (130 couples), en Corse (9 couples), en Crête (5 couples) ainsi que, grâce à des programmes de réintroduction, dans les Alpes (17 couples) et en Andalousie.
Les populations pyrénéenne, corse et alpine sont suivies depuis près d’une trentaine d’années par un réseau structuré d’observateurs. Cette connaissance précise de ces populations a permis d’appréhender les facteurs qui influencent prioritairement leur évolution. Ainsi deux facteurs ont été identifiés : d’une part la disponibilité en sites de reproduction (falaise avec des cavités) et d’autre part la disponibilité en carcasses (présence d’os) pour se nourrir. Une fois ces deux besoins remplis, les dérangements sur la zone de nidification deviennent le premier facteur limitant, auxquels s’ajoutent les mortalités par collision avec les câbles qu’ils soient électriques ou de remontées mécaniques. Les risques dus au poison et au tir restent également présents, notamment dans les Pyrénées. Enfin la fragilité de cette espèce en France s’explique aussi par l’absence de lien entre les différentes populations. Si celle de Corse reste isolée, le raccord des populations alpines et pyrénéennes est souhaitable.
Malgré les nombreuses actions menées par un réseau d’acteurs locaux (Associations, établissements publics, collectivités, …) pour agir sur ces facteurs, les populations françaises restent fragiles et nécessitent de poursuivre les efforts entrepris. C’est pourquoi le ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer a souhaité la mise en place d’un plan national d’actions en faveur du Gypaète barbu.
Cette espèce de grande envergure (près de 3 mètres) produit très peu de jeunes (moins d’un tous les trois ans en moyenne) et ceux-ci ne se reproduisent pas avant l’âge de 7 à 8 ans. Aussi, toutes les réflexions et tous les programmes de conservation en faveur du Gypaète barbu doivent s’appréhender sur le long terme. La période d’application du plan national d’actions a donc été portée à 10 ans plus une année pour son évaluation (2010-2020).
L’enjeu de ce plan est notamment de prolonger les actions efficaces réalisées dans les Alpes et les Pyrénées, de faciliter la construction d’un « corridor » entre les Alpes et les Pyrénées, d’étudier la possibilité de renforcement de la population Corse, favorisant ainsi la diversité génétique de ces populations et d’assurer des échanges de compétences et d’expériences entre les acteurs de la conservation de ces trois populations.Résumé du plan national d’actions pour la conservation du gypaète barbu / source LPO