Opérations relatives à l’astronomie, à la géographie, à la navigation, à la physique, et aux différentes branches de l’histoire naturelle.
1°. Sa majesté ayant destiné deux astronomes pour être employés sous les ordres du sieur de la Pérouse, dans l’expédition dont elle lui a confié la conduite, et ses deux frégates étant pourvues de tous les instrumens d’astronomie et de navigation dont on peut faire usage, soit à la mer, soit à terre ; il veillera à ce que, dans le cours du voyage, l’un et l’autre ne négligent aucune occasion de faire toutes les observations astronomiques qui pourront lui paraître utiles.
L’objet le plus important pour la sûreté de la navigation, est de fixer avec précision les latitudes et les longitudes des lieux où il abordera, et de ceux à vue desquels il pourra passer. Il recommandera, à cet effet, à l’astronome employé sur chaque frégate, de suivre avec la plus grande exactitude le mouvement des horloges et montres marines, et de profiter de toutes les circonstances favorables pour vérifier à terre si la régularité de leur marche s’est maintenue pendant les traversées, et pour constater par observation, le changement qui pourra être survenu dans leur mouvement journalier, afin de tenir compte de ce changement pour déterminer avec plus de précision la longitude des isles, des caps ou autres points remarquables qu’il aura pu reconnaître et relever dans l’intervalle de deux vérifications. Aussi souvent que l’état du ciel le permettra, il fera prendre des distances de la lune au soleil ou aux étoiles, avec les instrumens à cet usage, pour en conclure la longitude du vaisseau, et la comparer à celle que les horloges et montres marines indiqueront pour le même point et le même instant : il aura soin de multiplier les observations de chaque genre, afin que le résultat moyen entre différentes opérations, puisse procurer une détermination plus précise.
Lorsqu’il passera à vue de quelque isle ou de quelque terre où il ne se proposera pas d’aborder, il aura attention de se maintenir, autant qu’il sera possible, sur le parallèle de ce point, à l’instant où devra se faire l’observation de la hauteur méridienne du soleil ou d’un autre astre pour en conclure la latitude du vaisseau ; et il s’établira sur le méridien de ce même point, pour le moment où devront se faire les observations qui serviront à en déterminer la longitude. Il évitera par cette attention, toute erreur de position et d’estime de distance qui peut nuire à la justesse de la détermination.
Il fera observer tous les jours, lorsque le temps le permettra, la déclinaison et l’inclinaison de l’aiguille aimantée.
Dès qu’il arrivera dans quelque port, il fera choix d’un emplacement commode pour y dresser les tentes et l’observatoire portatif dont il est pourvu, et il y établira un corps-de-garde.Jean-François de La Pérouse, Voyage de La Pérouse autour du monde publié conformément au décret du 22 avril 1791, et rédigé par M. L. A. Milet-Mureau