La fracture du cercle

fracture du cercle

L’aliénation des hommes se révèle précisément à ce qu’on ne ménage plus aucune distance « , écrivait Adorno. Mais cette perte, ce manque de distance entre les êtres, les choses et leur environnement, est d’abord le fruit vénéneux de la vitesse limite de l’optique ondulatoire et télévisuelle qui vient succéder au télescope et à son optique géométrique. Derrière la volonté affichée de réaliser demain une grande optique panoptique se profile donc la question de l’enfermement dans un monde forclos. Vouloir tout voir et tout savoir sur chacun d’entre nous, c’est tenter de réaliser une véritable  » police des images « , qui serait à la paix ce que la  » guerre des images  » est déjà aux derniers conflits internationaux. Exhibitionnisme et voyeurisme allant en se renforçant mutuellement, domine alors le fétichisme de l’image optiquement correcte, où le standard des apparences complète et parachève celui de l’opinion publique. 

Paul Virilio – Extrait d’un Entretien avec Christophe Grauwin – Décembre 1999-Janvier 2000 source : http://1libertaire.free.fr/Virilio04.html